Témoignage d’un pharmacien sur son rôle dans la sensibilisation au tri des médicaments

Le pharmacien joue un rôle central dans le parcours de soin des patients. Son engagement va bien au-delà de la simple dispensation des médicaments. En première ligne, il est un acteur clé dans la sensibilisation au tri des Médicaments périmés ou Non Utilisés (MNU). Nous nous sommes entretenus avec Nadine Apter, pharmacienne engagée à Issenheim (Haut-Rhin), dont la pharmacie est un modèle d’éco-responsabilité et de sensibilisation. Engagée dans le label ECOR de Pharma Système Qualité, elle nous expose ses pratiques et nous partage sa vision d’une pharmacie plus verte.

Un label RSE qui valorise des années d’efforts

Une pharmacie qui est dite « responsable » intègre les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans son activité quotidienne. En 2023, la pharmacie d’Issenheim a initié une démarche avec l’agence Primum Non Nocere, puis en 2024, le label ECOR de Pharma Système Qualité, une reconnaissance de son engagement. « C’est une fierté, car nous travaillons depuis des années pour réduire notre impact », confie Nadine. « Par exemple, nous ne distribuons plus de sacs plastiques, ni en papier, car nous mettons à disposition des patients des pochons réutilisables. Nous avons mis en place aussi un tri sélectif rigoureux depuis déjà 25 ans. Et bien entendu, nous encourageons activement le retour des Médicaments périmés et Non Utilisés (MNU) dans le cadre du dispositif Cyclamed. »

Cette démarche relève d’une volonté plus large de sensibilisation et de mise en place d’actions concrètes de la part de l’équipe officinale de la pharmacie d’Issenheim. « Nous sommes convaincus que le respect de l’environnement s’inscrit dans une approche plus globale et sociétale. Pour nous, c’est primordial de concilier les deux. Nous soutenons notamment une association locale, ‘Ensemble pour Jérôme’, une association dont le but est d’aider un jeune garçon atteint d’une myopathie de Duchenne, à laquelle nous avons versé 1 700 € en 14 mois grâce aux dons des particuliers et de nos équipes, que nous rassemblons ensuite pour les verser à l’association. Nous sommes fiers de contribuer à un changement positif », précise Nadine.

Sensibiliser au quotidien : un engagement fort auprès des patients

« Nous échangeons très souvent sur le tri des médicaments avec notre patientèle, et nous répétons l’information autant que nécessaire », explique Nadine Apter. « Grâce à des supports de communication, comme les affiches Cyclamed ou par notre groupement Giropharm ou les écrans en officine, nous rappelons constamment l’importance de rapporter les médicaments périmés ou non utilisés en pharmacie. »

D’autre part, afin de limiter l’empreinte écologique, la pharmacie d’Issenheim a fait le choix de ne plus distribuer de flyers ou livrets papier depuis plusieurs années. « Nous avons supprimé tous les livrets ou supports et nous communiquons désormais via nos réseaux sociaux, notamment Facebook et Instagram, pour toucher un public plus large et réduire notre empreinte carbone », précise-t-elle.

Elle souligne aussi l’importance des campagnes nationales : « À chaque fois qu’il y a une campagne de sensibilisation Cyclamed à la télévision, nous constatons un impact direct en officine. Les patients posent davantage de questions car ils prennent conscience de l’importance du tri. »

Les défis et leviers d’amélioration

Malgré une prise de conscience croissante, certains freins subsistent encore. « Beaucoup de patients rapportent encore les étuis en carton avec les médicaments, ce qui complique le tri. Il faut aussi rappeler que certains produits comme les thermomètres, les cosmétiques, le paramédical ou encore les compléments alimentaires ne doivent pas être rapportés en pharmacie », explique Nadine.

Pour en savoir plus sur les médicaments concernés par le tri, consultez notre article : https://www.cyclamed.org/medicaments-non-utilises-les-8-points-cles-a-retenir-11036/

Nadine regrette également que les jeunes soient moins sensibilisés à cette démarche : « Ils consomment moins de médicaments certes. Cependant, le tri des MNU n’est pas perçu chez les jeunes comme un geste “fun” ou prioritaire. C’est là que les campagnes comme celles de Cyclamed sont essentielles pour toucher cette tranche d’âge. »

Pour améliorer encore la gestion des MNU, elle suggère de mobiliser davantage les confrères et professionnels de proximité : « Les médecins, infirmiers à domicile ou encore les personnels des déchèteries devraient relayer l’information auprès du grand public. Si chaque professionnel parlait de l’importance du retour des médicaments périmés en officine, nous atteindrions un bien plus grand nombre de personnes. »

Un message essentiel pour tous

« Pour protéger leur santé et l’environnement, je conseille à tous les patients de rapporter leurs médicaments périmés, non utilisés ou entamés en pharmacie », insiste Nadine Apter. « Les jeter à la poubelle ou dans l’évier peut polluer l’eau et nuire à la biodiversité. Les rapporter chez le pharmacien, c’est contribuer à leur élimination sécurisée, et à la prévention des risques domestiques. En les rapportant dans notre officine, ils sont éliminés de manière sécurisée et contribuent à produire de l’énergie via leur valorisation. C’est un geste simple, à la portée de tous, qui a un impact concret. Je suis bien consciente que c’est beaucoup plus facile de jeter dans les ordures les médicaments périmés, car les rapporter à la pharmacie prend du temps et de l’énergie, mais il faut se donner les moyens, notre santé et la planète en dépendent. Alors merci à tous ceux qui participent à cet effort avec nous ! »