Recyclage et tri des déchets en Europe : petit tour d’horizon

530 kilogrammes : c’est la quantité moyenne de déchets municipaux qui a été produite en 2021 par chaque Européen soit près de 230 millions de tonnes de déchets municipaux dans l’UE sur un an. Selon les données Eurostat, près de 25 % d’entre elles ont été mises en décharge ou éliminées/incinérées sans valorisation, moins de 27 % ont été valorisées en énergie (via l’incinération) et seulement 49,6 % ont été recyclées. Si l’UE réglemente depuis 1975 la gestion des déchets, tous les pays ne sont pas pourtant égaux face à leur recyclage ou valorisation.

Que font les autres pays de leurs déchets ? Quels sont les pays qui recyclent le plus ? Quels sont les prochains objectifs en matière de recyclage ?

Les déchets municipaux regroupent les déchets collectés par les municipalités, dont les déchets ménagers, ceux des petites entreprises comme les restaurants ou les magasins, ou encore les déchets des jardins, des parcs et des marchés.

 

  1. La réglementation européenne en matière de déchets

L’Union Européenne (UE) veut mettre l’accent sur la prévention des déchets et sur la réutilisation des produits. De nombreux textes ont été ainsi adoptés depuis sa création tels que la directive sur les émissions industrielles ou encore le texte sur les déchets électroniques et électriques, afin d’améliorer le traitement d’une variété toujours plus large de déchets.

La directive-cadre sur les déchets de 2008 est  le texte le plus emblématique sur la question des déchets au sein de l’UE. Elle a été actualisée par la directive du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018,  afin de mettre en place un cadre cohérent pour une gestion durable des ressources et une promotion des principes de l’économie circulaire. A cette fin, différentes mesures fixent des objectifs en termes de collecte et de recyclage.

D’ici à 2024 : collecte séparée des déchets biodégradables, ou recyclage à la source (compostage domestique par exemple).

D’ici à 2025 : recyclage de 55 % des déchets municipaux ; 65 % des déchets d’emballage ; mise en place d’une collecte séparée des déchets textiles et des déchets dangereux produits par les ménages.

D’ici à 2030 : recyclage de 60 % des déchets municipaux et 70 % des déchets d’emballage ; réduction des pertes alimentaires du producteur au consommateur afin de “contribuer à l’objectif des Nations unies visant à réduire de 50 % à l’échelle mondiale le volume de déchets alimentaires”.

D’ici à 2035 : recyclage de 65 % des déchets municipaux ; part des déchets municipaux mis en décharge réduite à 10 % maximum de la quantité totale.

En mars 2020, la Commission européenne a été encore plus loin en dévoilant un plan d’action pour une économie circulaire qui vise à réduire les déchets. Puis en février 2021, le Parlement a adopté une résolution sur le nouveau plan d’action pour l’économie circulaire, nécessitant des mesures additionnelles avec pour objectif d’atteindre une économie neutre en carbone, durable, non toxique et entièrement circulaire d’ici 2050. Cette dernière introduit des objectifs contraignants d’ici 2030 concernant  l’utilisation des matières premières et l’empreinte de la consommation sur l’ensemble du cycle de vie des produits mis sur le marché européen.

En parallèle, les députés européens ont appelé les pays membres à augmenter la part de recyclage de haute qualité, et à diminuer à contrario la mise en décharge et l’incinération.

De nouvelles règles sur les emballages ont été ensuite proposées en novembre 2022 parmi lesquelles la conception des emballages avec un étiquetage clair permettant de promouvoir la réutilisation et le recyclage ainsi que la transition vers des plastiques biosourcés, biodégradables et compostables.

Enfin, en janvier 2023, l’Union européenne a posé des règles strictes relatives aux transferts de déchets, afin de réduire la pollution notamment. Selon ces règles, les déchets exportés de l’UE doivent être écologiquement gérés de manière rationnelle dans les pays de destination et dont la mise en œuvre doit être renforcée pour contrer les transferts illégaux.

De fait, le principe de prévention prévaut au sein de l’UE avec l’ambition première d’éviter de produire des déchets. De façon générale, même si cela dépend de la nature même des produits et de leurs déchets, la règlementation inclut une hiérarchie des modes de traitement, du plus vertueux au moins recommandé :

  • la préparation du déchet en vue d’une réutilisation,
  • le recyclage,
  • les autres formes de valorisation(par exemple énergétique)
  • l’élimination sans valorisation (mise en décharge ou incinération sans production d’énergie).

 

2. Les différentes formes de prise en charge des déchets

Au fil des années, l’Union européenne a ainsi tenté de fixer des objectifs ambitieux aux États membres pour une meilleure gestion de leurs déchets.

a. Le recyclage

Le recyclage matière représente un levier efficace pour freiner la consommation élevée de nos ressources.

Si des pays comme l’Allemagne et l’Autriche ont d’ores et déjà atteint l’objectif de 2025 en matière de gestion des déchets municipaux, avec des taux de recyclage respectifs de 66,7 % et 58,2 % en 2019, d’autres sont encore largement à la traîne. Malte n’a recyclé que 8,9 % de ses déchets municipaux en 2019, et la Roumanie 11,5 %. La France, quant à elle, avec un taux de recyclage de 46,3 %, se situe légèrement en-dessous de la moyenne de l’UE (49,6 %) selon les données Eurostat[1].

En parallèle, concernant l’utilisation des ressources recyclées dans les processus de productions nationaux, les Pays-Bas sont en tête dans ce domaine selon une étude menée par Eurostat au sein de l’Union européenne. En effet, les matériaux recyclés (plastiques, fibres naturelles, métaux) représentent 34 % des ressources utilisées.

La Belgique arrive en seconde place : le taux d’utilisation circulaire de matières y est de 21 %.

Avec un pourcentage de 19,8 %, la France dépasse également de loin la moyenne européenne de 12 % et se place ainsi en troisième position.

On retrouve ensuite l’Italie (18 %), l’Estonie (15 %), l’Allemagne (13 %) et l’Autriche (12 %) qui favorise le recyclage au sein de leur pays. La Roumanie est le pays le moins bien classé, avec un taux de 1 %.

 

b. La valorisation énergétique

Outre le recyclage, qui s’impose comme la solution la plus verte, certains États optent pour la valorisation énergétique notamment via l’incinération de leurs déchets municipaux. Dans l’UE, celle-ci représente 26 % en moyenne.

Parmi les pays qui ont recours à ce processus d’élimination, on retrouve la Finlande (56 % des déchets), le Danemark (49 %), la Suède (53 %), les Pays-Bas (42 %) ou encore la Belgique (42 %) dont moins de 5 % de leurs déchets municipaux sont destinés aux décharges ou à l’élimination sans valorisation. La France se trouve également au-dessus de la moyenne européenne, avec 34 % de ses déchets municipaux valorisés en énergie.

 

c. La décharge ou l’élimination sans valorisation

Si cette dernière est la moins recommandée des solutions, elle concerne pour autant encore certains pays tels que Chypre et la Roumanie, où plus de 70 % des déchets municipaux en moyenne sont mis en décharge ou éliminés sans valorisation. A Malte et en Grèce, ce taux dépasse 80 %.

En France, parmi nos déchets municipaux, parfois nous retrouvons les emballages des médicaments qui doivent rejoindre le tri sélectif pour un recyclage matière. La simplification des consignes de tri a permis de systématiser ce geste de tri des Français pour leur recyclage. Rappelons que selon la règlementation, les Médicaments Non Utilisés doivent être rapportés en pharmacie permettant ainsi de les éliminer dans le respect de l’environnement et leur valorisation énergétique permet de chauffer et d’éclairer des milliers de logements chaque année.

 

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