Jour du dépassement : depuis le 1er août 2024, l’humanité vit à crédit

Le Jour du dépassement, ou « Earth Overshoot Day » en anglais, est une date symbolique établie chaque année. Il illustre le moment où l’empreinte écologique de l’humanité excède la capacité de la planète à renouveler ses ressources et à absorber les déchets, notamment le CO2 et où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut renouveler en un an.

Ce concept, introduit par le Global Footprint Network, une organisation internationale de recherche environnementale, met en lumière la pression croissante que nous exerçons sur notre planète. Mais comment cette date est-elle calculée et pourquoi est-elle si critique pour notre avenir ? Cyclamed vous apporte quelques éléments de réponse.

L’évolution de ce Jour du dépassement au fil des ans

En 1961, l’humanité n’utilisait encore que les trois quarts de la capacité régénératrice de la Terre pour satisfaire sa consommation annuelle de ressources. De nombreux pays possédaient alors une biocapacité supérieure à leur propre empreinte écologique.

Cependant, au début des années 70, un seuil critique a été franchi : la consommation humaine a largement dépassé ce que la nature peut fournir en une année, tant en termes de recyclage du CO2 que de production de nouvelles matières premières. C’est à ce moment-là que nous sommes entrés en situation de « dette écologique ». Ainsi, depuis les années 70, cette date de dépassement avance régulièrement, passant du 29 décembre en 1970 au  1er août 2024, soit un jour plus tôt qu’en 2023.

Aujourd’hui, 86 % de la population mondiale vit donc dans des pays où la demande en ressources naturelles excède ce que leurs écosystèmes peuvent renouveler. Selon les estimations du Global Footprint Network, il faudrait une planète et demie pour produire les ressources écologiques renouvelables nécessaires et compenser l’empreinte actuelle de l’humanité.

Le calcul du Jour du dépassement

L’ONG calcule chaque année le Jour du dépassement de la Terre en prenant en compte 200 pays du monde (dont la France) et leurs 3 millions de données statistiques. Les indicateurs de l’empreinte écologique sur la Terre et de la biocapacité des ressources se déterminent grâce aux Comptes Nationaux d’Empreinte. L’objectif  est de mesurer l’impact de l’humanité sur les ressources terrestres pour agir en conséquence.

Le calcul du jour du dépassement repose sur une formule simple mais significative :

  1. Biocapacité mondiale : elle représente la capacité de la Terre à régénérer les ressources naturelles et à absorber les déchets, notamment les émissions de carbone. Elle est mesurée en hectares globaux (gha), une unité qui standardise la productivité biologique de différentes zones terrestres et marines.
  2. Empreinte écologique mondiale : elle mesure la demande de l’humanité sur les écosystèmes de la Terre. Elle inclut la consommation de ressources comme les cultures, les forêts et les zones de pêche, ainsi que la surface nécessaire pour absorber les déchets, principalement le dioxyde de carbone.

Ces deux valeurs sont comparées pour déterminer combien de « Terres » sont nécessaires pour soutenir notre mode de vie actuel. Par exemple, si l’empreinte écologique annuelle est de 1,75 Terre, cela signifie que nous utilisons 75 % de ressources en plus que ce que la planète peut régénérer en un an.

Comment se situe la France?

Le jour du dépassement en France a eu lieu le 7 mai 2024, soit 3 mois avant le jour du dépassement planétaire. En effet, pour répondre aux besoins de la France, il faudrait 3 planètes Terre[1].

Pourquoi est-ce critique ?

  1. Dégradation des écosystèmes : le dépassement signifie que nous exploitons les ressources plus rapidement qu’ils ne peuvent se régénérer. Cela conduit à la déforestation, la perte de biodiversité, la dégradation des sols et la surexploitation des ressources marines. Ce sont les émissions de gaz à effet de serre qui sont responsables de l’augmentation de l’empreinte carbone sur notre planète. Les émissions proviennent des gaz comme le méthane, le CO2, l’ozone ou des gaz industriels. La déforestation empêche de capter les émissions de gaz à effet de serre, donc de reculer la date du jour de dépassement. À contrario, la déforestation libère le carbone stocké dans les forêts augmentant mécaniquement les gaz à effet de serre et  détériore la biodiversité. En effet, les forêts abritent des espèces rares ou fragiles. Chaque année, ce sont 27 000 espèces animales et végétales qui disparaissent  en raison de la déforestation.
  2. Changement climatique : une part significative de l’empreinte écologique provient des émissions de gaz à effet de serre comme le méthane, le CO2, l’ozone ou des gaz industriels qui exacerbent le changement climatique. Les impacts peuvent être dévastateurs avec un nombre plus conséquent de tempêtes, de sécheresses et la montée du niveau de la mer.
  3. Sécurité alimentaire et hydrique : l’épuisement des ressources naturelles affecte directement la disponibilité de nourriture et d’eau potable. Les pratiques agricoles non durables et la surexploitation des ressources en eau menacent la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau pour des millions de personnes.
  4. Inégalités sociales et économiques : la surconsommation des ressources dont certaines non renouvelables (la surexploitation agricole et la surpêche)  entraine des conséquences envers les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Elles sont souvent les plus durement touchées par les impacts environnementaux, exacerbant les inégalités existantes.

[Le saviez-vous] Selon les ONG, pour atteindre l’objectif du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de l’ONU pour réduire les émissions de carbone de 43 % dans le monde d’ici 2030 (versus 2010), il faudrait reculer le jour du dépassement de la Terre de 19 jours par an pendant les sept prochaines années.

 

De son côté, Cyclamed cherche depuis plusieurs années à optimiser l’empreinte carbone de la chaîne de récupération des médicaments non utilisés et apporter sa pierre à l’édifice en matière de protection de l’environnement.

Les solutions et actions nécessaires pour endiguer cette date fatidique

Pour reculer la date du jour du dépassement, des actions concertées sont nécessaires à plusieurs niveaux :

  1. Politiques environnementales : les gouvernements doivent mettre en place des réglementations pour protéger les écosystèmes, réduire les émissions de CO2 et promouvoir l’utilisation durable des ressources.
  2. Innovations technologiques : développer et adopter des technologies vertes peut améliorer l’efficacité énergétique, réduire les déchets et promouvoir l’utilisation de sources d’énergie renouvelables.
  3. Changements de comportement : les citoyens peuvent adopter des modes de vie plus durables, comme réduire la consommation de viande, éviter le gaspillage alimentaire, limiter les déchets, utiliser des énergies le plus possible décarbonées, les transports en commun, et acheter des produits éco-responsables.
  4. Éducation et sensibilisation : informer le grand public sur l’empreinte écologique et les conséquences de la surconsommation est crucial pour encourager des changements à grande échelle. Cela peut notamment passer par des ateliers collectifs et ludiques comme la Fresque du Climat.

Le jour du dépassement est ainsi un rappel alarmant de la nécessité de réajuster nos comportements du quotidien. En prenant des mesures dès maintenant, nous pouvons garantir un avenir plus durable pour les générations futures.

[1] https://overshoot.footprintnetwork.org/newsroom/country-overshoot-days/

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